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André Tarion, professeur de judo passionné, au mental d’acier

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Essonne info : D’où vous vient cette passion du judo ?

André Tarion : Par nature j’aimais bien l’affrontement physique. Quand j’étais gamin, j’aimais me frotter avec mes camarades. Le judo n’était pas très répandu à l’époque. Mais j’avais mon beau-père qui m’avait suggéré d’en faire. Donc je me suis dit que j’allais essayer. J’ai essayé dans un club corporatif, au comité d’entreprise de la Snecma, et ensuite je suis allé au judo club Saint-Martin à Paris. J’ai eu un professeur qui était très renommé, Monsieur Pelletier. J’ai continué le judo jusqu’à ce que je sois mobilisé, puis je suis parti 28 mois en Algérie. Et quand je suis revenu d’Algérie j’ai remis ça. J’ai passé ma ceinture noire en 62 et puis j’ai continué à m’entraîner. J’étais un compétiteur honorable mais sans plus.

 

Quel souvenir vous a le plus marqué en tant que judoka ?

Ce qui m’a marqué le plus dans ma démarche de combattant, de judoka, c’est quand j’ai fait les championnats de France FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail) et que j’ai été battu en finale. C’est ça qui m’a le plus marqué. Il n’y avait pas de catégories. C’était très relevé. Je faisais à peu près 68kg, et j’avais rencontré un excellent judoka qui devait faire 10 kg de plus que moi. Pour l’anecdote, je lui avais marqué un pion, pour Moroté, et ça a été annulé parce qu’il a été projeté à l’extérieur du tapis. Et quand on a repris, dans les 30 secondes qui suivaient, c’est lui qui m’a projeté. Mais lui c’était au milieu du tapis. C’était en 57-58, je devais à avoir 19 ans à l’époque.

 

Pourquoi avoir décidé de devenir enseignant ? Et comment en êtes-vous arrivé là ?

Ce qui m’a décidé à être enseignant, c’est que je voulais continuer à faire du judo mais je n’avais pas les moyens au niveau du temps pour en faire au haut niveau. La meilleure façon pour moi c’était de préparer un professorat de judo pour faire de l’enseignement. Je pouvais à la fois pratiquer et enseigner quelque chose qui me passionnait. J’ai fait un choix, j’ai continué le judo pour le plaisir et en même temps j’ai enseigné.
Alors au début j’ai fait des petits remplacements, à Pontault-combault. Et un jour en 69 à air France, j’avais un ami qui était professeur de judo et cadre, qui m’a fait connaitre quelqu’un qui était intéressée pour avoir un professeur sur Evry. Il s’appelait M. Jacques Charbonnier, et c’était le président du club de judo d’Evry. C’est à partir de là que ma carrière a commencé en tant qu’enseignant. Dès que je suis arrivé sur la commune, je me suis en raciné. J’étais à fond la caisse pour ma ville, pour mes élèves.

 

Ça a dû vous demander quelques sacrifices ?

Oui. Je m’étais complètement investi dans cette mission. Les sacrifices c’était surtout pour ma femme. Quand je réfléchis à ça… Quand je réalise les heures passées à m’attendre, qu’on allait jamais chez nos amis parce que je n’étais jamais libre. C’est un sacrifice énorme qu’elle a fait. Je pense qu’elle a la médaille d’or. Elle n’a jamais fait une réflexion sur ce genre de choses. Elle aurait pu. En plus sur le plan pécunier, on ne peut pas dire que c’était le Pérou. J’ai aussi sacrifié un peu mes enfants, mais heureusement que j’ai réussi à les emmener un peu au judo. Ça me permettait de les voir.

 

Vous avez côtoyé beaucoup de gamins pendant votre carrière, avez-vous eu de grands talents ?

J’ai dû côtoyer plus de 10 000 gamins, facile. Sur 45 ans. J’ai eu des fils de, à la fin j’ai même eu des petits enfants de. Il y en a certains que j’ai entraîné qui ont l’âge d’être grand-père. Il y a eu des champions d’un niveau départemental. Au niveau national il y en a eu aussi. Et international, il y a eu Rottier. Martine Rottier est devenue internationale. Elle a été deux fois championne d’Europe au club. Après quand elle a été championne du monde, elle était à Sainte-Geneviève des bois. L’année où elle a quitté le club, il y a eu les premiers championnats du Monde féminins l’année d’après au Madison Square Garden de New York. Et c’est là qu’elle est devenue championne du monde. C’était en 80. Mais le travail avait été fait en amont. C’est la plus grande championne que j’ai eu.

 

Qu’avez-vous ressenti lors de son sacre ? Ça a dû être une satisfaction pour vous ?

Ça a été une satisfaction mitigée quand même. J’aurais préféré qu’elle ouvre le compteur des champions du monde sur Evry. Ça n’a pas été le cas. On ne s’est pas quittés en très bons termes. C’est comme ça, c’est la vie. Elle a fait sa carrière à Sainte-Geneviève-des-bois. C’est un peu ma déception. On se côtoyait toujours puisqu’elle était dans le département, mais je n’ai pas eu de nouvelles non. J’ai tourné la page depuis longtemps, mais j’ai quand même gardé une certaine amertume parce que j’avais tellement travaillé pour elle et avec elle que ça m’a fait quelque chose. Mais après tout, les athlètes, les gens ne vous appartiennent pas. Disons plutôt que c’est la façon dont elle est partie qui a été désagréable.

 

Vous avez récemment été chassé de l’ASE (Amicale Sportive d’Evry), que gardez-vous de cet épisode difficile ?

Ça me laisse une cicatrice quand même, une grosse cicatrice. J’ai tellement donné pour ce club, je me suis tellement investi dans ce club. Je crois que j’ai donné tout ce que je pouvais donner. Sur le plan technique, le plan professionnel, dans mon comportement… je pense que j’ai tout donné. Toujours dans cet esprit de représenter ma ville à travers ces jeunes. Je ne peux pas oublier tout ça. Parce qu’il y a eu des sacrifices qui ont été fait par moi, mais aussi par ma famille, par ma femme que je ne voyais pas souvent. Je trouve que j’ai été assez mal récompensé sur ma sortie. J’ai la rancune tenace. Vous dire le contraire serait mentir. J’en veux à ces gens qui ont ignoré ce que j’ai fait. Qui ont traité cette affaire de manière indécente. Et la neutralité bienveillante de la ville qui me semble plutôt une complicité, là aussi je garde une certaine rancœur vis-à-vis des élus de la ville.

 

Vous avez désormais un nouveau club, que représente l’AME (Arts Martiaux d’Evry) pour vous ?

J’ai eu la chance d’être aidé par mes anciens élèves, et des judokas qui ont pris fait et cause pour moi, mais qui n’étaient pas forcément mes élèves au départ. Ils m’ont donné la force de continuer parce que sinon je pense que j’aurais laissé tomber. Je leur dois une fière chandelle. Ils se sont battus pour moi. Grâce à eux j’ai repris espoir, et puis on a formé effectivement une nouvelle association. L’AME d’Evry. On a à peu près 73 licenciés après un an d’existence. Je recommence à donner des cours aux enfants, et je donne aussi des cours aux adultes. Je pense qu’on a gagné avec cette nouvelle association.

 

Combien d’années pensez-vous encore enseigner votre passion ?

Je ne sais pas. Pour l’instant j’ai à peu près la santé. Physiquement, je suis à peu près capable de pratiquer et d’enseigner. Combien de temps ça va durer, c’est impossible à dire. Je ne peux pas répondre à la question concernant mon avenir. Et à mon âge, vaut-il mieux parler d’avenir, ou être dans le présent ? Pour l’instant j’essaie de me maintenir en forme. Je me suis toujours donné une certaine discipline par rapport à mes élèves. Je considérais qu’il fallait être en condition physique et aussi mentale pour pouvoir continuer à pratiquer. C’est pour ça que ça m’a fait drôle quand on m’a dit ‘vous êtes trop vieux pour pratiquer’. Alors c’est vrai, je préférerais avoir 30 ans de moins pour combattre mais bon, je suis tout de même le plus ancien enseignant professeur de judo de l’Essonne, pas forcément le plus détruit.

 

On parle de lui 

 

Katia, ancienne élève
Moi j’ai connu Monsieur Tarion quand j’avais 10 ans. Il arrivait à me structurer, à me calmer, à gérer mon énergie et à l’utiliser à bon escient. J’étais plus posée, je ne répondais pas forcément à l’agressivité par un coup de poing. Il était entier. Toujours présent et bienveillant.

Lou, 18 ans, élève occasionnelle
Ça fait un moment que je le connais. Il est patient et bienveillant. Il est passionné surtout. Il est toujours là, il ne s’arrête jamais. Il ne va pas s’arrêter tout de suite, il est en pleine forme encore.

Todd, 16 ans, nouvel élève
Il explique bien, il prend le temps. Il est marrant et il sait tout faire.

Charles, 42 ans, aux côtés d’André dans l’encadrement.
Un passionné de judo. Toujours prêt à prendre de son temps libre pour le judo. Il continue à m’apporter énormément. Et en dehors du judo, c’est le papi idéal. Toujours à l’écoute, il essaie toujours de trouver une solution même quand c’est compliqué.

Élèves de 5 à 11 ans
Il est gentil. Il apprend bien. Il est amusant parfois, il fait des blagues.

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