C’est un récit d’une grande intensité que livre Tahar Manaï, dans les colonnes de sa page Facebook. Quelques jours après sa descente du sommet, atteint le 13 mai dernier (lire notre article), il raconte les dernières 36 heures qui l’ont conduit à grimper sur le « Toit du monde » et ses 8 848 mètres. Territoire hostile, le trajet qui conduit les alpinistes à travers un autre monde, entrecoupé de pauses aux fameux camps 3 et 4, puis l’ascension de la périlleuse face sud de l’Everest. Là, le vent, la glace, la neige peuvent stopper net le parcours des grimpeurs aidés des sherpas, voire causer la mort car « la montagne n’est ni juste, ni injuste, elle est dangereuse », comme le dit lui-même Tahar Manaï. Extrait de son récit aux dernières encablures du sommet :
« La vue de ce magnifique levé de soleil est de courte durée. Le temps de changer notre bouteille d’oxygène ; la météo change brutalement. Le vent, la neige… Nous espérons que nous pourrons voir quelque chose au sommet !
Pour vous donner une idée, nous avançons relativement vite mais cela reste très difficile, chaque pas est difficile. Nous fixons en ligne de mire le sommet sud ; cela représente près de 4 heures d’ascension -dans des conditions difficiles comme aujourd’hui-.
Pour éviter les gelures aux mains, je change très régulièrement la main que j’utilise pour progresser et très souvent je m’arrête pour secouer mes pieds (pour les mêmes raisons). Je passe toute l’ascension à mobiliser mes orteils. Malgré un équipement de très haute qualité, nous ne sommes pas à l’abri d’un coup de froid. »
Dans une vidéo mise en ligne 8 jours après l’accession au sommet, c’est un Tahar visiblement éprouvé qui donne quelques sentiments à chaud de son exploit : « je réalise pas vraiment ce qui vient de se passer, c’était beau, c’était grand, c’était difficile aussi » raconte-t-il aux internautes, « j’espère que ce message de détermination et d’espoir rayonnera le plus longtemps possible ». Le Franco-Tunisien fait ici bien sûr référence à l’objectif affiché de cette performance : l’ascension d’une Nation. Comme il nous l’expliquait l’année dernière après une première tentative avortée (lire notre article), il veut montrer à tout le peuple tunisien qu’il doit tenir et réussir, après le lancement de sa Révolution en 2011.
« Soutenu » par ses collègues pompiers de l’Essonne
Il a d’ailleurs été chaudement accueilli, lors de son retour la semaine dernière, et effectue depuis une tournée auprès des médias et de ses soutiens, avant d’envisager des actions plus durables, comme des visites d’écoliers et de jeunes Tunisiens. En attendant, il reviendra très prochainement en Essonne, et plus précisément à Massy, où il exerce le métier de pompier. Sollicité par Essonne Info, Tahar Manaï a répondu à quelques unes de nos questions :
Essonne Info : Bonjour, et bravo d’avoir porté ce beau drapeau tout la haut ! As-tu repensé dans la dernière ligne droite au séisme l’an dernier, comment cela s’est passé avec les sherpas?
Tahar Manaï : Bonjour ! Merci pour le soutien (..). Non je n’ai absolument pas repensé au séisme sur la dernière ligne droite. Le seul moment où j’y ai repensé, c’est le jour du triste anniversaire où nous avons rendu hommage aux sherpas et alpinistes disparus.
Essonne Info : Comment envisages-tu ton retour auprès des pompiers du 91 après ça?
Tahar Manaï : J’ai hâte de retrouver mes amis et mes collègues du centre de secours de Massy. Je les remercie d’ailleurs de m’avoir toujours soutenu – la caserne de Massy et d’autres casernes voisines (Palaiseau…) du 91 -. C’est une chance, c’est important de se sentir soutenu par ceux qu’on côtoie au quotidien.
- Le récit de Tahar Manaï et de nombreuses images de l’ascension sont à consulter sur sa page Facebook
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